martes, 1 de septiembre de 2009

Arthur Rimbaud - El deseo del mar. El deseo de la poesía. El deseo.




Elle est retrouvée !
- Quoi ? – l’Éternité.
C’est la mer mêlée
Au soleil.



¡Ha sido encontrada!
-¿Qué? -la Eternidad.
Es el mar aleado
Al sol.




Le Bateau ivre





Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus tiré par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands et de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'œil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : Je sais le soir,
L'aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelques fois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très-antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareilles aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux des panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eau au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés de punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instant.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombres aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient couler à coups de trique
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fond que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future vigueur ? -
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leurs sillages aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
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(versión español)

Mientras descendía por Ríos impasibles, Sentí que los remolcadores dejaban de guiarme: Los Pieles Rojas gritones los tomaron por blancos, Clavándolos desnudos en postes de colores. No me importaba el cargamento, Fuera trigo flamenco o algodón inglés. Cuando terminó el lío de los remolcadores, Los Ríos me dejaron descender donde quisiera. En los furiosos chapoteos de las mareas, Yo, el otro invierno, más sordo que los cerebros de los niños, ¡Corrí! Y las Penínsulas desamarradas Jamás han tolerado sacudones más triunfales. La tempestad bendijo mis desvelos marítimos. Más liviano que un corcho dancé sobre las olas Llamadas eternas arrolladoras de víctimas, ¡Diez noches, sin extrañar el ojo idiota de los faros! Más dulce que a los niños las manzanas ácidas, El agua verde penetró mi casco de abeto Y las manchas de vinos azules y de vómitos Me lavó, dispersando mi timón y mi ancla. Y desde entonces, me bañé en el Poema Del Mar, infusionado de astros, y latescente, Devorando los abismos verdes; donde, flotando Pálido y raptado, un ahogado pensativo a veces desciende; ¡Donde, tiñendo de golpe las azulidades, delirios Y ritmos lentos bajo los destellos del día, Más fuertes que el alcohol, más amplias que nuestras liras, Fermentan las amargas rojeces del amor! Yo sé de los cielos que estallan en rayos, y de las trombas Y de las resacas y de las corrientes: ¡Yo sé de la tarde, Del Alba exaltada como un pueblo de palomas, Y he visto alguna vez, eso que el hombre ha creído ver! ¡Yo he visto el sol caído, manchado de místicos horrores. Iluminando las largas fijaciones violetas, Parecidas a los actores de dramas muy antiguos Las olas meciendo a lo lejos sus temblores de postigos! ¡Yo soñé la noche verde de las nieves deslumbrantes, Beso que sube a los ojos de los mares con lentitud, La circulación de las savias inauditas, Y el despertar amarillo y azul de las fosforescencias cantoras! ¡Yo seguí, durante meses, imitando a los ganados Enloquecidos, las olas en el asalto de los arrecifes, Sin pensar que los pies luminosos de las Marías Pudiesen forzar el morro de los Océanos jadeantes! ¡Yo embestí, sabed, las increíbles Floridas Mezclando a las flores ojos de panteras con pieles De hombres! ¡Los arco iris tendidos como riendas Bajo el horizonte de los mares, de rebaños glaucos! ¡Yo he visto fermentar los enormes pantanos, trampas En las que se pudre en los juncos todo un Leviatán; Los derrumbes de las aguas en medio de la calma, Y las lejanías caer en cataratas hacia los abismos! ¡Glaciares, soles de plata, olas perladas, cielos de brasas! Naufragios odiosos en el fondo de golfos oscuros Donde serpientes gigantes devoradas por alimañas Caen, de los árboles torcidos, con negros perfumes! Yo hubiera querido enseñar a los niños esos dorados De la ola azul, esos peces de oro, esos peces cantores. -Espumas de las flores han acunado mis salidas de rada Y vientos inefables me dieron sus alas por un momento. A veces, mártir cansado de polos y de zonas, El Mar cuyo sollozo hizo mi balanceo más dulce Elevaba hacia mí sus flores de sombra de ventosas amarillas Y yo permanecía, al igual que una mujer, de rodillas... Casi isla, quitando por mis bordas las querellas Y los excrementos de los pájaros cantores de ojos rubios. ¡Y yo bogaba, mientras atravesando mis frágiles cordajes Los ahogados descendían a dormir, reculando! O yo, barco perdido bajo los cabellos de las algas, Arrojado por el huracán contra el éter sin pájaro, Yo, a quien los Monitores y los veleros de Hansa No hubieran salvado la carcasa borracha de agua; Libre, humeante, montado de brumas violetas, Yo, que agujereaba el cielo rojeante como una pared Que lleva, confitura exquisita para los buenos poetas, Líquenes de sol y mocos de azur; Yo que corría, manchado de lúnulas eléctricas, Tabla loca, escoltada por hipocampos negros, Cuando los julios hacían caer a golpes de bastón Los cielos ultramarinos de las ardientes tolvas; ¡Yo que temblaba, sintiendo gemir a cincuenta leguas El celo de los Behemots y los Maelstroms espesos, Eterno hilandero de las inmovilidades azules, Yo extraño la Europa de los viejos parapetos! ¡Yo he visto los archipiélagos siderales! y las islas Donde los cielos delirantes están abiertos al viajero: -¿Es en estas noches sin fondo en las que te duermes y te exilas, Millón de pájaros de oro, oh Vigor futuro? ¡Pero, de verdad, yo lloré demasiado! Las Albas son desoladoras. Toda luna es atroz y todo sol amargo: El acre amor me ha hinchado de torpezas embriagadoras. ¡Oh que mi quilla estalle! ¡Oh que yo me hunda en el mar! Si yo deseo un agua de Europa, es el charco Negro y frío donde, en el crepúsculo perfumado Un niño en cuclillas colmado de tristezas, suelta Un barco frágil como una mariposa de mayo. Yo no puedo más, bañado por vuestras pesares, oh olas, Arrancar su estela a los portadores de algodones, Ni atravesar el orgullo de las banderas y estandartes, Ni nadar bajo los ojos horribles de los pontones.